[7e continent] Premier jour - Première partie

Avant-propos

Le 7e continent est un jeu d’exploration et de survie à la mécanique inspirée des « livres-jeux » d’aventure où le lecteur est le héros.

Chaque article préfixé par « [7e continent] » sera le récit de mes aventures qui m’aidera à ne pas oublier ce qui m’arrive et me servira à lever le voile sur les malédictions qui entourent ce continent.

1. Introduction

1907. Voilà quelques jours que nous sommes revenus, mes confrères et moi, de notre expédition sur le 7e continent, mystérieux territoire récemment découvert au large de l’Antarctique. Voilà plusieurs jours que je suis rentré, mais je me sens fiévreux et sans force. Mes nuits sont hantées par les visions d’une idole étrange et lugubre qui semble m’appeler à elle. Je me force à quitter mon lit et fais abstraction de mes tremblements incessants puis je vais m’installer pour prendre mon déjeuner tout en feuilletant le journal quand je vois un gros titre : « Le 7e continent, lieu maudit ? » Il n’en faut pas plus pour éveiller ma curiosité ! À mesure que je lis les lignes du tabloïde, je me sens de plus en plus mal. Beaucoup de mes camarades sont à ce jour portés disparus sans que l’on sache ce qui leur est arrivé. Un malaise s’empare de moi. Et si nous étions tous rongés par le même mal depuis que nous sommes revenus ? Je ne peux plus nier l’évidence, je sais que quelque chose ne va pas depuis que je suis rentré même si j’essaye de me rassurer en me disant qu’il s’agit sans doute d’un mal passager. La fièvre reprend de plus belle, ma tête se met à tourner. Je retourne tant bien que mal me coucher et essaye de me calmer. Après quelques minutes, je sombre dans un profond sommeil…

2. Retour sur le continent ?

Le bruit de l’océan, les cris stridents de goélands… À moins que ce ne soit des rires ? J’ouvre les yeux et me redresse. Qu’est-ce que je fais ici ? Comment suis-je arrivé là ? Me voilà de retour sur le 7e continent ? Non, je suis sur une ile qui semble beaucoup plus petite. Le temps est calme, pas un brin de vent et aucun signe de tempête à l’horizon. J’essaye de réfléchir calmement. Mon esprit est confus et je n’arrive pas à mettre mes idées au clair. Je mets machinalement ma main sur mon flanc gauche, là où se trouve habituellement ma besace et je me rends compte qu’elle est effectivement en place ! Je regarde à l’intérieur et y trouve mon carnet de notes ainsi qu’un crayon. Je sors mon carnet de notes et commence à feuilleter les dernières pages. Une des dernières pages retient mon attention, il s’agit d’un plan tracé à main levée. Plusieurs statues sont dessinées le long du trajet et l’une d’elles ressemble étrangement à celle qui hante mes rêves depuis mon retour… Je referme mon carnet et le range dans ma besace quand je me rends compte qu’il y a quelque chose d’autre au fond, un genre de morceau de tissu. Quand je le saisis, je me rends compte qu’il entoure autre chose, une statuette taillée dans le bois. Je ne sais pas d’où elle provient, c’est la première fois que je la vois et elle ne fait pas partie des statues qui sont sur le plan que je viens de regarder. Je la replace au fond de ma besace et je décide de partir explorer ce nouveau lieu qui s’offre à moi, oubliant petit à petit qu’il y a quelques minutes encore j’étais dans mon lit.

L’ile est plutôt belle. La végétation est exotique, des plantes que j’avais déjà aperçues sur le 7e continent sont présentes ici aussi. Je regarde tout autour de moi pour voir les possibilités qui me sont offertes. Dans une direction comme dans l’autre, je ne sais pas ce qui m’attend. Je décide de partir à l’est afin de rejoindre les côtes. Quelques crabes passent ici et là. Mon regard se pose sur une masse difforme qui se situe à quelques mètres de moi. Je m’y avance et finis par comprendre de quoi il s’agit : le cadavre d’un homme, face contre terre. Sa peau est complètement lacérée et est parsemée de petites poches toutes déchirées. Je m’avance prudemment et hésite quelques instants. Dois-je m’approcher encore plus ? La créature qui lui a fait ça est peut-être encore dans les parages. Je prends mon courage à deux mains et commence à retourner le pauvre homme. À cet instant, quelque chose surgit de l’eau face à moi ! Une créature hideuse avec des dents acérées et toutes griffes dehors se jette sur moi ! J’ai à peine le temps de réagir qu’elle me donne un coup au bras. Je sens ses griffes s’enfoncer légèrement dans ma peau tandis que je bondis en arrière pour m’enfuir. Je me retourne et la vois retourner à l’eau.

Mon bras me brule légèrement. Je reprends mon souffle et réfléchis à comment me soigner. Je m’installe contre un gros rocher et regarde dans ma besace. Je récupère le tissu qui entoure la statuette, nettoie un peu le sang qui coule de la plaie et observe l’entaille qui ne semble pas très profonde. Malheureusement, un petit morceau de griffe de la créature est coincé dans la plaie. Je prends mon crayon et gratte légèrement autour pour essayer de la déloger. Au même moment, une bourrasque me fait tressaillir et le crayon s’enfonce dans ma chair. Je pousse un cri en retirant vivement le crayon tandis que le morceau de griffe tombe au sol et que le sang coule plus abondamment, la plaie s’étant agrandie. Je me dépêche de faire un bandage avec le tissu en prenant soin de bien recouvrir l’ensemble de la plaie. Je pense que cela fera l’affaire pour le moment.

Il est temps de continuer mon exploration ! Je me dirige plus au nord en prenant soin de ne pas rester trop près de l’eau de peur de me faire attaquer à nouveau et j’arrive rapidement au bout de l’ile. Il n’y a pas grand-chose ici mise à part une grande statue à moitié détruite qui trône seule face à l’océan. Je m’approche à grands pas et commence à l’observer avec attention. Je sors mon carnet pour vérifier si elle apparait sur le plan, mais ce n’est pas le cas. Je le remets dans ma besace et décide de prier au pied de la statue. Je m’agenouille, ferme les yeux et commence à réciter ma prière dans ma tête. Le calme qui règne ici est reposant et j’oublie l’espace d’un instant que je suis sur une ile, quelque part au milieu de l’océan, seul. Je finis par me relever et constate que je n’ai rien d’autre à faire ici, autant faire demi-tour.

Je retourne donc sur mes pas puis je me dirige à l’ouest de ma position afin de m’enfoncer un peu plus dans l’ile. Une fois la côte quittée, la végétation se densifie légèrement et je vois apparaitre de plus en plus de plantes toutes plus exotiques les unes que les autres. Tout a l’air assez calme, j’entends des cris d’oiseaux et quelques couinements de bêtes au loin, mais rien d’inquiétant. Mon ventre commence à crier famine, peut-être que je devrais m’atteler à chercher quelque chose pour me nourrir. Bien qu’il y ait des buissons remplis de baies dans les alentours, je ne sais pas si ces dernières sont comestibles ou non et je n’ai pas envie de prendre le risque de le vérifier. Je vais devoir chasser un animal et je me mets donc à la recherche d’empreintes sur le sol. Je ne tarde pas à trouver des traces qui se dirigent dans des fougères un peu plus loin. Je m’approche silencieusement et écarte les feuilles qui sont à ma portée quand un scintillement attire mon attention au milieu de la plante. Je me penche pour y regarder de plus près et ramasse un engrenage de petite taille. Je ne sais pas ce qu’il fait ici, peut-être appartenait-il au pauvre homme que j’ai trouvé sur la plage ? Toujours est-il que je le glisse dans ma besace et continue à m’avancer vers l’ouest en quête de nourriture.

Après quelques minutes de marche et de recherche infructueuse, j’entends le bruit des vagues de plus en plus fort. Je me retrouve rapidement sur la plage et reste figé au moment où mon regard se pose sur un petit sous-marin qui est accroché avec des chaines par ses deux extrémités à une armature de métal au-dessus de l’eau. Qu’est-ce que cet engin fait ici ? S’il est en état de marche, je vais pouvoir appeler à l’aide et peut-être m’en aller de là ! Je me précipite au pied de la structure et cherche un moyen de faire descendre l’engin de là-haut. Je trouve rapidement le panneau de commande et une manette dispose d’indications assez logiques : une flèche vers le haut si je monte le levier, une flèche vers le bas si je le descends. Je n’hésite pas un seul instant et déplace le levier vers le bas. À ce moment-là, le cliquetis des chaines commence à se faire entendre et le sous-marin descend petit à petit jusqu’à l’eau. Une fois qu’il a terminé sa descente, je remets le levier en position neutre puis je me précipite vers l’engin et cherche l’écoutille pour pénétrer à l’intérieur. Je n’ai aucun mal à ouvrir l’accès à la cabine et à m’y faufiler. C’est aussi petit à l’intérieur que ça en ait l’air depuis l’extérieur ! Il n’y a pas beaucoup de place, pour quatre personnes tout au plus, je pense. Le tableau de bord est devant moi et possède tout un tas de boutons, leviers, rouages… Des rouages ?! Je récupère celui que j’ai trouvé plus tôt en venant ici et essaye de voir si je peux l’utiliser là. Après quelques instants de recherche, je trouve effectivement un emplacement qui me permet de le mettre en place ! Il se loge parfaitement entre deux autres engrenages, c’est parfait ! Je reporte alors mon attention sur les différentes manettes et j’essaye de trouver comment démarrer le véhicule. J’essaye un peu au hasard différentes combinaisons de leviers et boutons, mais rien ne semble fonctionner. Je regarde à nouveau le système de rouages en place et je finis par comprendre… Une deuxième roue que je n’avais pas vue est nécessaire pour compléter le circuit. La déception s’empare de moi et je sors de la cabine pour retourner sur la plage, contrarié de ne pas avoir réussi à faire quoi que ce soit avec cet engin. Je me sens mal, j’ai la tête qui tourne. Je ne sais pas si c’est la faim qui me fait cet effet-là ou si c’est autre chose…

Je décide de repartir explorer l’ile à nouveau, peut-être que je finirais par tomber sur le second rouage et que je pourrais quitter ce lieu. Il me reste une direction dans laquelle aller, le sud. Mon esprit commence à divaguer et j’avance sans vraiment savoir où mes pieds me portent. Comment suis-je arrivé là ? Qu’est-ce que ce plan retrouvé sur mon carnet signifie ? Je n’ai pas souvenir de l’avoir dessiné et pourtant je reconnais mon style. Et ce sous-marin, à qui appartient-il réellement  ? Tant de questions se bousculent dans mon esprit, je ne sais pas quoi faire pour les faire s’arrêter. Je marche avec de plus en plus de difficulté, mes pas sont lourds et je me tiens à des branches pour ne pas tomber. Mes forces me lâchent petit à petit et je ne peux m’empêcher de tomber au sol, incapable d’avancer plus longtemps. Je ferme les yeux et j’entends le bruit de l’océan s’estomper petit à petit, le cri des goélands qui s’éloigne de plus en plus à mesure que ma vie s’éteint.

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